Né en Croatie, à Rijeka, en 1976, Sekulic a commencé à dessiner à l’âge de quatre ans sur les murs de la maison familiale. Aujourd’hui, c’est le même enfant de quatre ans qui réalise des fresques murales que l’on croirait naïves si l’on ne remarquait la puissance de ses compositions, le génie des couleurs, et ses personnages qui respirent l’empathie. Ses premières publications, ce sont de rares illustrations pour des magazines de son pays ou pour des livres, comme cette couverture pour la version croate de L’Automne à Pékin de Boris Vian, l’un de ses auteurs favoris.
Mais les choses sérieuses commencent pour lui lorsqu’en 2010, grâce au soutien de Mišo Uštulica, responsable de l’Institut Français de Zagreb, il est sélectionné comme finaliste, sur plus de 450 candidats, au concours Jeunes Talents au Festival d’Angoulême. Il en décroche le troisième prix. Dans la ville charentaise, il rencontre Thomas Gabison, son éditeur chez Actes Sud, avec qui il peut concrétiser son premier projet : Pelote dans la fumée. Entre-temps, il avait publié une courte histoire en Italie dans la revue Internazionale mais, malheureusement, les deux premières pages ont été inversées. C’est dur les débuts de jeune auteur de bande dessinée...
- Miroslav Sekulic en septembre 2012 à Paris
- Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)
Tous ses personnages sont exubérants, fantasques et sans lendemain, écorchés, écrasés par la vie, et cependant incroyablement vivants : Bourdon, souffre-douleur de ses camarades jusqu’à ce que, endurci, il devienne le colosse qui défende ses copains avec lequel il est inséparable ; Capot le borgne et son œil de verre, celui qui osait tout, et qui disparut un jour sans laisser de traces ; le directeur de l’orphelinat, surnommé Le Shérif, fumeur comme une cheminée d’usine, la main dure et le cœur tendre ; la pute aux gros seins où, parfois, pour quelques pièces, le nez de Pelote vient se perdre...
Par une palette de couleurs qui ne se revendique de rien, mais où l’on retrouve la force évocatoire des meilleurs individualités de l’art brut, Sekulic sidère. Chaque image raconte une histoire et son histoire est truffée d’images, jusque dans les images elles-mêmes, où l’on s’arrête, là sur un visage, là sur un acrobate désabusé, là sur un graffiti grivois... Un univers d’une incroyable richesse, à l’horizon infini.
- Pelote dans la fumée, T.1 : L’été / L’automne - Par Miroslav Sekulic-Struja
- (c) Actes Sud
Nema komentara:
Objavi komentar